
Le projet MESORUN a pour objectif de faire un inventaire faunistique non exhaustif sur certains sites situés en zone mésophotique (entre 50 et 150 m de profondeur) sur les pentes des récifs de La Réunion, à St leu et Ste Rose. Ce programme porté par Vie Océane et BIORECIF, et financé par le programme LIFE4BEST et avec l’association ARBRE pour partenaire, permet d’allier «science participative» (associations de plongeurs, de médiation scientifique) et «science experte» (réseau de chercheurs et d’experts des différents phylums de la faune).
Les Ecosystèmes Coralliens Mésophotiques (ECM) ont été peu étudiés dans le Sud-Ouest de l’Océan Indien et de nombreuses publications émettent l’hypothèse que les ECM, plus profonds et vraisemblablement moins soumis aux impacts d’origine anthropique que les récifs coralliens proches de la surface, pourraient permettre la résilience des récifs moins profonds plus vulnérables. D’autres travaux montrent également que certaines espèces sont davantage protégées des activités humaines de pêches ou de collectes en zone mésophotique que proche de la surface (pêches sous-marines, collectes des holothuries, mollusques, crustacés, etc.).
Un certain nombre d’espèces semblent communes aux récifs coralliens proches de la surface et aux zones mésophotiques qui, moins sensibles au changement climatique, pourraient constituer des réservoirs de biodiversité.
À La Réunion, la plupart des études réalisées sur les récifs coralliens concernent la dépression d’arrière récif (« lagon »), les platiers et les pentes externes jusqu’à 20 ou 30 m de profondeur. Les connaissances sur la biodiversité récifale et les habitats mésophotiques de La Réunion sont quasi inexistante. Les photos et les échantillons collectés lors de plongées aux recycleurs et mélanges gazeux permettent de contribuer à ce premier inventaire faunistique.
Le déploiement de « la partie terrain » du programme MESORUN, nécessitant des moyens nautiques et subaquatiques importants, a eu lieu d’août 2020 à février 2021 et a permis la réalisation de 36 plongées entre 65 et 110 m et 53 immersions de caméras depuis la surface entre 50 et 121 m de profondeurs.
Les photos et les échantillons collectés lors de plongées aux recycleurs et mélanges gazeux permettent de contribuer à ce premier inventaire faunistique.
Lors de chaque sortie en mer, plusieurs opérations ont été réalisées :
– Une plongée en zone mésophotique effectuée par les plongeurs de l’association Poisson Lune avec photos, vidéos et prélèvements d’échantillons.
– Une reconnaissance de sites profonds par l’immersion d’une caméra à partir du bateau, permettant ainsi de valider ou non une exploration future par les plongeurs.
– Des prélèvements d’échantillons d’eau pour permettre l’identification d’espèces de poissons à partir de l’ADN environnemental.
Après chaque plongée, un premier travail de tri est effectué, basé sur les compétences des bénévoles et experts de Vie Océane, d’ARBRE et de BIORECIF. Les différents échantillons (photos, vidéos, prélèvements) ont ensuite été envoyés aux nombreux experts pour analyses. Des premiers résultats ont été publiés (voir la publication), d’autres seront soumis prochainement à une revue scientifique.
Les données sur les poissons ont été bancarisées dans la base de données Borbonica (https://www.borbonica.re/).
Certaines expertises nécessitent de consulter une bibliographie importante ou l’intervention de plusieurs experts avant la détermination des spécimens au genre ou à l’espèce.
Le programme MESORUN a permis de découvrir deux sites présentant des habitats mésophotiques remarquables : chacun a fait l’objet de plusieurs plongées afin de collecter davantage de données. Ces sites ont été proposés pour un classement en Zone Naturelles d’Intêret Ecologique Floristique et Faunistique (ZNIEFF). MESORUN contribue ainsi à la découverte des ECM et initie l’inventaire des Znieffs marines mésophotiques de La Réunion.


Des espèces nouvelles, jamais observées à La Réunion, ont pu être recensées dans le cadre de MESORUN : par exemple pour les poissons où 9 espèces seront ajoutées à la liste des poissons marins de La Réunion. Des espèces nouvelles pour la Science semblent avoir été découvertes dans d’autres phylums, comme celui des hydraires ou des nudibranches.




Espèces inconnues échantillonnées pendant le programme MesoRun avec un nudibranche à droite et un hydraire à gauche. ©Association Vie Océane
Des prélèvements de substrat ont permis de rechercher des micro-algues en lien avec le laboratoire du Centre Technique de Recherche et de Valorisation des Milieux Aquatiques de La Réunion. Les résultats indiquent une présence majoritaire de diatomées sur les huit échantillons prélevés en zone mésophotique et une quasi absence de dinoflagellés. Cinq souches ont été mises en culture (Phytobank) et seront valorisées au travers des projets de recherche actuellement en cours au sein du laboratoire, notamment dans le cadre du projet POMARUN, cofinancé par l’Union européenne et la Région Réunion, dont l’objectif est d’évaluer le potentiel biotechnologique des micro-algues réunionnaises.
Le projet a été présenté au travers d’un documentaire au Congrès Mondial de la Nature à Marseille début Septembre, et a fait l’objet de l’émission LocaTerre du 26 septembre

Une exposition se déroule actuellement à Kélonia depuis le 8 novembre et ce pour une durée de quatre mois.


